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Comment bien utiliser les bandes de guidage ?

Je suis sûre que ça vous est déjà arrivé : vous marchez tranquillement avec votre canne et soudain, vous sentez une bande de guidage sous vos pieds. Deux réactions possibles à ce moment-là. Si vous connaissez un peu les lieux, c’est souvent un soulagement : ouf, une bande de guidage ! On se dit qu’on n’a plus qu’à la suivre et qu’elle va nous mener à bon port. Mais si, au contraire, vous ne connaissez pas du tout l’endroit, c’est plutôt un gros point d’interrogation : est-ce qu’il faut la suivre ou pas ? Et dans quelle direction ? Où va-t-elle exactement ?

Reste aussi à savoir comment la suivre. Je me suis rendu compte que beaucoup de personnes utilisent les bandes de guidage comme un rail : elles glissent leur canne dans le sillon entre deux nervures et avancent ainsi, canne bien droite, sans balayage. C’est vrai que c’est tentant ! Mais ça peut nous mettre en danger sans qu’on s’en rende compte. Je vous explique tout ça dans la suite de l’article.

À quoi sert une bande de guidage, au juste ?

Une bande de guidage, c’est une bande podotactile (c’est-à-dire qu’on peut la sentir avec les pieds ou la canne) composée de nervures en relief. Elle sert à guider une personne déficiente visuelle d’un point A à un point B, en ligne droite, sans qu’on dévie de notre trajectoire.

On en trouve :

  • Dans l’espace public, sur certaines places,
  • sur les cheminements extérieurs de certains bâtiments accessibles (comme les mairies, les hôpitaux ou les universités),
  • dans certains halls d’accueil ou établissements publics vastes,
  • ou encore dans certaines gares SNCF ou stations de métro.

Elles sont très utiles quand l’espace est grand et peu structuré. En clair, là où on ne peut pas suivre un repère tactile comme un mur, une bordure ou un trottoir.

Bande simple ou couloir de guidage : quelle différence ?

Il existe plusieurs implantations possibles pour les bandes de guidage selon l’espace disponible et la fréquentation des lieux équipés :

  • Bande simple : une seule bande avec 4 nervures en relief (parfois seulement 3 mais celles-ci ne sont pas conformes aux normes),
  • Couloir de guidage : deux bandes parallèles, de 3 ou 4 nervures en relief, espacées de 37 à 50 cm.

Mais attention : que ce soit une bande simple ou un couloir, il n’est pas recommandé de mettre la canne dans le creux entre deux nervures comme dans un rail et de se laisser aller. Pourquoi ? Parce que la bande de guidage ne garantit en aucun cas un cheminement sans obstacles. Dans les gares par exemple, il n’est pas rare que des gens stationnent dessus avec leur valise sans se rendre compte qu’ils sont sur une bande de guidage. D’autre part, on risque de ne pas sentir les changements de direction ou les intersections quand il y a plusieurs cheminements possibles.

En pratique, comment on fait pour suivre une bande de guidage ?

Il n’y a pas une seule bonne manière de se positionner par rapport à la bande de guidage. On peut marcher dessus, à côté, ou entre les deux bandes quand il s’agit d’un couloir de guidage. L’essentiel, c’est de conserver le balayage de la canne à chaque pas. Ce balayage permet de sentir la présence de la bande en continu, de s’assurer qu’on est toujours bien dans l’axe et surtout, de détecter les éventuels obstacles ou changements d’orientation.

Personnellement, je préfère marcher à côté de la bande. Je trouve que c’est plus confortable, surtout quand on porte des semelles un peu souples ou des talons. Et puis, quand je connais un peu les lieux, je me place du côté de la direction que je vais devoir prendre ensuite. Cela me permet d’être interceptée naturellement par la bande transversale au moment de l’intersection.

Pour celles et ceux qui se déplacent avec un chien guide, c’est un peu différent. Tous les chiens ne sont pas formés à suivre les bandes de guidage, même si certains peuvent s’y prêter avec un peu d’entraînement. On peut alors essayer de suivre la bande au pied, mais dans bien des cas, il vaut mieux s’appuyer sur d’autres repères ou sur des dispositifs complémentaires comme les balises sonores ou les outils de guidage GPS.

Et comment on sait que des bandes de guidage se croisent ? Bonne question ! Les intersections sont signalées de deux façons, du moins en théorie :

  • Pour une bande simple, elle est interrompue sur 70 cm. On doit comprendre alors qu’on a atteint un croisement ou un point de décision.
  • Pour un couloir de guidage, l’espace entre les deux bandes est rempli par une dalle en relief, ce qui attire l’attention et invite à explorer autour.

Dans tous les cas, il faut s’arrêter, balayer doucement et chercher s’il y a un départ de bande dans une autre direction. C’est à ce moment qu’on peut aussi se servir d’outils complémentaires pour choisir la bonne route.

Et la bande d’interception, dans tout ça ?

En plus des bandes de guidage et des bandes d’éveil de vigilance, il existe un troisième type de dispositif podotactile : la bande d’interception. Son rôle est bien spécifique. Elle sert à attirer notre attention sur un point d’intérêt situé en dehors du cheminement principal. Par exemple, sur un trottoir très large, elle peut nous orienter vers un passage piéton, un arrêt de bus, un guichet, ou encore une borne d’appel sur un quai de métro.

Techniquement, elle ressemble à une bande de guidage, mais elle est plus large : en principe, c’est l’équivalent de deux bandes de guidage accolées, soit huit nervures au total. Ce doublement permet une meilleure détection. Elle est implantée perpendiculairement au cheminement, de manière à intercepter notre trajectoire.

Mais dans la réalité, il n’est pas rare de trouver des bandes d’interception qui ne respectent pas encore cette largeur. Certaines sont identiques à de simples bandes de guidage, ce qui peut semer la confusion. C’est justement pour pallier ces incohérences qu’un projet de normalisation est en cours à l’échelle nationale. Il devrait permettre de garantir à terme une meilleure lisibilité de ces aménagements.

Balises sonores et applis de guidage : de précieuses alliées !

Si vous êtes équipé d’une télécommande pour feux et balises sonores, sachez qu’elle vous permet aussi de faire parler certains bâtiments, stations de métro ou services publics ! Grâce à elle, une balise sonore peut vous confirmer que vous êtes devant la mairie, ou vous dire que la billetterie se trouve à gauche.

Et si vous utilisez un smartphone, il existe plusieurs applications GPS conçues pour nous faciliter la vie, comme Evelity, qui permet de s’orienter à l’intérieur de grands bâtiments comme les universités, les hôpitaux ou les locaux de grandes entreprises.

Ces outils ne remplacent pas la canne ou le chien (je le dis souvent) mais ils donnent des infos précieuses et permettent de gagner en autonomie dans des lieux complexes.

Et si on pouvait avoir plus de bandes de guidage ?

Connaître les bons usages des bandes de guidage, c’est déjà faire un grand pas vers plus d’autonomie. Mais il reste encore beaucoup d’endroits où il n’y en a pas, ou alors mal posées.

Alors je vous propose ceci : si vous connaissez des lieux où une bande de guidage serait utile (entrée de mairie, gare routière, centre commercial…), faites-le-moi savoir ! Vous pouvez m’écrire en commentaire ou via le formulaire de contact.

En résumé, les bandes de guidage sont des repères précieux pour structurer l’espace et sécuriser nos déplacements, à condition de bien comprendre leur fonctionnement. Qu’on marche dessus, à côté ou entre les bandes, l’essentiel est de garder un balayage actif avec la canne pour rester dans l’axe et détecter les obstacles ou les intersections. Et si ces bandes ne suffisent pas à nous orienter, d’autres outils peuvent venir en renfort : balises sonores, applications de guidage, plans tactiles, signalétique braille… Et vous, vous les utilisez ? Avez-vous des lieux à signaler où elles vous sont particulièrement utiles ? N’hésitez pas à vous exprimer, ça pourra être utile à tous.

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