Localiser et identifier les arrêts de bus, savoir où se positionner pour attendre en sécurité, quel est le temps d’attente, être informé d’éventuelles perturbations…, vous le savez, ça n’a rien d’évident quand on est aveugle ou malvoyant. Heureusement, de plus en plus de villes prennent en compte nos besoins. Je vous propose dans cet article de passer en revue les aménagements qui fonctionnent. N’hésitez pas à en parler autour de vous, en particulier si votre réseau de transports préféré est un peu à la traîne. Tous ces aménagements doivent être prévus par les Autorités Organisatrices des Transports (AOT) dans le Schéma Directeur d’Accessibilité Programmée (Sd’AP).
Pour nous qui ne voyons pas, ou mal, les transports en commun sont indispensables. Mais encore faut-il pouvoir trouver les arrêts et s’assurer que le numéro de ligne et sa destination correspondent bien à ce qu’on cherche. Pour les bus, les points d’arrêt sont généralement matérialisés de deux manières différentes : soit par un abribus (ou abri voyageurs), soit par un simple poteau indicateur de ligne. Si les abris sont un peu plus faciles à repérer grâce à leur volume, il en est autrement pour les poteaux qui se confondent facilement avec d’autres équipements d’éclairage ou de signalisation.
#1 La signalétique visuelle
Parmi les personnes déficientes visuelles, bien plus nombreuses sont les personnes malvoyantes avec un reste visuel suffisant pour lire que les personnes non-voyantes ou assimilées comme telles qui ont perdu toutes capacités de lecture.
A minima, la signalétique doit répondre aux exigences de l’arrêté du 15 janvier 2007 concernant l’accessibilité de la voirie et des espaces publics. Elle doit être bien visible et lisible grâce à une taille de caractères adaptée et un contraste visuel fort.
Le nom, la lettre ou le numéro identifiant la ligne doit être indiqué avec des caractères de 12 cm de hauteur au minimum et avec une couleur contrastée par rapport au fond (ex. : blanc sur noir, jaune sur bleu nuit sont les contrastes les plus visibles). Le nom du point d’arrêt est inscrit perpendiculairement à l’axe de la chaussée. Il commence par une lettre majuscule suivie de lettres minuscules d’au moins 8 cm de hauteur, toujours avec un bon contraste visuel.
La présence d’un arrêt de bus est aussi matérialisée par une ligne jaune ondulée peinte sur la chaussée. Pour certaines personnes malvoyantes, c’est une aide précieuse.
#2 Le marquage des parois vitrées
Les abribus comportent en général une vitre sur le côté gauche de manière à protéger les voyageurs du vent et des intempéries tout en permettant au conducteur du bus de les voir. Cette vitre peut cependant constituer un obstacle dangereux pour les personnes malvoyantes, car elle est peu perceptible. Il est donc obligatoire d’y appliquer un marquage contrasté. On recommande généralement 2 bandes de 5 cm de hauteur sur toute la largeur de la vitre à 1,10 m et 1,60 m. Cette double hauteur doit permettre à une personne de percevoir l’obstacle quelle que soit sa taille. Mais il n’est pas interdit de faire plus pour garantir un meilleur contraste ! Dans tous les cas, associer une couleur sombre et une couleur claire sera plus efficace pour garantir la visibilité du contraste quelles que soient les conditions de luminosité : jour, nuit, ciel couvert ou ensoleillé.
#3 Une balise sonore pour localiser à distance et identifier l’arrêt
Les balises sonores présentent le double avantage de permettre aux personnes équipées d’une télécommande normalisée de localiser précisément l’arrêt du bus à une distance d’environ 15 m et de connaitre le nom de l’arrêt, le numéro de la (ou des) ligne(s) et de leurs destinations.
Le haut-parleur est alors fixé sur l’abri ou le poteau indicateur de ligne de manière à permettre le repérage de la zone d’attente.
Cet équipement nécessitant une alimentation électrique, il est plus adapté en centre-ville que dans les espaces ruraux. Dans certains cas, une borne d’information voyageurs vocalisée peut remplacer une simple balise sonore. J’y reviendrai un peu plus loin.
#4 Un marquage au sol pour repérer la porte avant du bus
Afin d’être bien positionné lorsque le bus arrive à l’arrêt, il est recommandé de se placer au niveau de la porte avant. Ceci a pour avantage de se rendre bien visible du conducteur, pouvoir facilement s’adresser à lui pour confirmer la destination du bus une fois qu’il aura ouvert la porte et entendre l’annonce vocale automatique le cas échéant.
Si l’arrêt est matérialisé par un abribus, la porte avant se situe en général au niveau de la paroi droite de l’abri. L’emplacement est cependant plus difficile à repérer lorsqu’il s’agit d’un simple poteau indicateur de ligne. Il est donc recommandé de marquer l’emplacement de la porte avant par un contraste visuel et tactile sur le trottoir. A noter que ce marquage est aussi très utile aux conducteurs pour repérer l’emplacement précis où accoster.
Des bandes de guidage placées perpendiculairement à la bordure du trottoir, aussi appelées « bandes d’interception, peuvent aussi très bien jouer ce rôle. Comme elles croisent le cheminement principal, elles facilitent également la localisation de l’arrêt de bus.
Attention, il s’agit bien d’une bande de guidage et non d’une bande d’éveil de vigilance (BEV). La bande d’éveil de vigilance reste réservée aux passages piétons, aux escaliers et aux quais de métro, train ou tram.
#5 Des bordes d’information voyageurs (BIV) vocalisées pour connaitre le temps d’attente et les éventuelles perturbations
Les bornes d’information voyageurs (BIV) ou systèmes d’information voyageurs (SIV) sont des panneaux d’affichage lumineux qui indiquent en temps réel le temps d’attente de la ligne de bus et les éventuelles perturbations : grèves, détournements, travaux… Depuis quelques années maintenant, ces bornes peuvent délivrer un message vocal activable grâce à la télécommande normalisée qui déclenche les feux sonores partout en France. Ainsi, il est possible pour une personne aveugle ou malvoyante de connaitre le temps d’attente de son bus au même titre que n’importe qui.
Ces équipements sont déjà déployés dans de nombreuses villes, comme Rennes, Orléans, Nantes, Lyon, Cergy Pontoise, Chartres, Toulouse, Caen, et certainement bien d’autres encore dont je n’ai pas connaissance.
Si vous connaissez d’autres lieux équipés de bornes d’information voyageurs vocalisées, n’hésitez pas à partager l’information dans les commentaires ! C’est d’ailleurs valables pour tous les autres équipements cités dans cet article ou même d’autres auxquels je n’aurais pas pensé spontanément. Vos contributions sont les bienvenues !
4 Comments
Concernant les bornes Visulis à Lyon je voudrais préciser ceci. Elles sont placées à l’extérieur de l’abri-bus environ une dizaine de mètres de là ou on se situe, c’est à dire à l’angle de l’abri. Le souci est que pour entendre l’information diffusée par la balise il nous faut s’en approcher pour bien l’entendre et du coup nous nous décalons de notre emplacement et nous prenons le risque de rater le bus qui arrive ! Avec les arrêts sur mâts sans abri cette balise est bien fixée sur ce dernier donc pas de problème. Autre chose pourquoi certains abri-bus ou arrêts bénificient de ces bornes visulis et pas d’autres, le mystère reste entier ! Ceci dit la vocalisation des stations de bus c’est génial, vivement le balisage des entrées métro. Dernière chose, les stations de tramways toutes ne sont pas aménagées, pourquoi ? Amitiés.
À Angers, les arrêts de tramway sont équipés de borne sonore annonçant les prochaines arrivées.
[…] handicapées. Présence de feux sonores, bandes d’éveil de vigilance, bandes de guidage, bornes d’information voyageurs vocalisées…, vos applications préférées devraient bientôt intégrer toutes ces […]
Bonjour, article très intéressant. À noter que ce genre d’installation sont en train de se développer sur la ville de Brest. Malheureusement uniquement pour les arrêts principaux et au centre-ville. Pour la ligne desserrement l’agglomération il n’y a rien en terme d’indications vocales. La signalétique au sol notamment pour la porte avant est très aléatoire. Et pour ce qui est de balise indiquant l’emplacement des arrêts de bus cela ne existe pas