Repérer les traversées piétonnes, connaitre le bon moment pour s’engager sans risques, atteindre le trottoir d’en face sans trop dévier, vous savez aussi bien que moi à quel point tout cela peut être compliqué quand on n’y voit rien ou pas grand-chose ! Quand ils sont présents et en bon état de marche, les feux sonores améliorent très nettement la situation. Alors qu’allons-nous faire s’ils disparaissent ? Car c’est bien le cas. De nombreuses villes et métropoles suppriment actuellement des carrefours à feux. Et sans feu, pas de feu sonore ! C’est d’autant plus problématique que cette suppression des feux s’accompagne souvent de nouveaux aménagements de la voirie, qui font aussi disparaitre les repères tactiles habituels. Dans un contexte où les modes de déplacement se diversifient et où de plus en plus de véhicules rapides et silencieux circulent, la sécurité se trouve sérieusement compromise pour les personnes aveugles ou malvoyantes.
Pourquoi les villes suppriment des feux ?
J’ai assisté le 6 novembre dernier à la journée « Carrefours à feux et modes actifs » organisée par le CEREMA (centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement) en partenariat avec la ville de Paris. Voici donc un bref résumé des raisons qui poussent les villes à réduire le nombre de carrefours à feux sur leur territoire.
Avant tout pour réduire la vitesse et améliorer la sécurité ! Ça peut vous paraitre paradoxal, mais c’est bien le premier argument avancé par des villes comme Paris, Lyon, Bordeaux, Rouen ou Grenoble. Selon les statistiques, près de 10 000 accidents ont lieu chaque année sur des carrefours à feux. Ceux-ci ne garantissent donc pas la sécurité des usagers. Tout simplement parce qu’ils ne sont pas toujours respectés par les automobilistes et suscitent au contraire des comportements déviants comme des accélérations en fin de vert ou le non-respect du cédez-le-passage aux piétons en cas de flèche clignotante. La volonté de ces villes est de laisser plus de place aux modes de déplacement doux, ou mobilités actives (piétons, vélos), et aux transports en commun.
Parmi les autres arguments avancés, on peut citer la fluidification du trafic, qui aurait un impact positif sur les bouchons, les nuisances sonores et la qualité de l’air.
Qu’est-ce qui remplace les feux ?
Dans certains cas, la suppression des feux tricolores ne s’accompagne d’aucun aménagement compensatoire. C’est simplement la règle de la priorité à droite qui prime. Mais généralement, cette suppression donne lieu à de nouveaux aménagements de voirie :
- Trottoirs traversants, plateaux surélevés, coussins berlinois, suppression de mobilier urbain pour modérer la vitesse et améliorer la visibilité ;
- Agrandissement des trottoirs, création d’îlots refuges pour raccourcir les traversées piétonnes ;
- Création de carrefours giratoires (ronds-points) ;
- Aménagement de voies réservées aux bus ou aux vélos…
Tous ces aménagements sont réalisés dans un même but : apaiser la circulation automobile. Mais ils ne tiennent malheureusement pas compte des besoins de sécurité et de repérage des personnes déficientes visuelles.
Quels sont les projets pour remédier à cette situation ?
Parmi les représentants des personnes déficientes visuelles, de nombreuses voix se sont déjà élevées contre la suppression des carrefours à feux et des dispositifs sonores qui les accompagnent, notamment à Paris et Grenoble. La presse a largement relayé leurs inquiétudes, poussant ainsi les pouvoirs publics à s’y intéresser.
Le Ministère de la Transition écologique et solidaire a récemment sollicité la CFPSAA (groupement national des associations de personnes aveugles et malvoyantes) pour mener une réflexion sur les solutions compensatoires à cette mutation de la ville. Le CEREMA prévoit également de lancer un groupe de travail rassemblant des représentants associatifs et instructeurs en locomotion.
Cheminements podotactiles sur chaussée, ajout de repères sonores statiques, balises sonores de localisation activables par télécommande, signaux lumineux indiquant aux automobilistes la présence de piétons vulnérables…, toutes les solutions sont à étudier ! Si vous avez un avis sur la question, n’hésitez pas à vous exprimer dans les commentaires ! Il en va de notre sécurité et de notre liberté de déplacement dans les années à venir.
6 Comments
– Barrières autour de rond-point,
– au niveau des traversées piétones, éclairage muni de balise vocale avec feu clignottant à destination des véhicules lorsque la balise est actibée,
– conserver un dénivelé pour toutes les traversées, ainsi qu’en présence de trottoir filants,
– conserver le marquage au sol des passages piétons,
– îlot au milieu de la traversée comportant un dénivelé minimum.
Déjà, le déplacement en ville pour un déficient visuel est un vrai parcours du combattant (vélo et trottinette en libre accès au milieu des trottoirs, etc …)
Pourquoi supprimer les feux qui nous aident à nous déplacer dans la ville avec les frais occasionnés par cette suppression pour compenser par de nouvelles signalisations auxquels il faudra s’adapter ?
On est pas sûr qu’elles seront efficace et elles occasionnent des dépenses inutiles d’autant plus que la ville veut supprimer des signaux tactiles et lumineux et qu’au final on devra payer pour en remettre d’autres. Il faudrait simplement laisser les feux et les repères au sol !!!
un feu orange clignotant pour les voiture quand on l’active avec la balise sonore; un feu uniquement péton que l’on pouurrait déclencher avec la balise au lieu de trouver le bouton sur le poteau; des sortes de boitier que nous orienterons en direction de la voie de circulation et qui pourrait nous dire si une voiture est proche… Je ne sais si c’est réalisable.
merci
Merci Alain pour ces suggestions qui me semblent très pertinentes ! J’espère que les discussions en haut lieu vont démarrer sans attendre pour que les urbanistes et aménageurs aient rapidement des directives claires à mettre en œuvre.
Nous sommes bien d’accord Chantal ! Les conditions de déplacement des personnes déficientes visuelles sont déjà très difficiles et la suppression des carrefours à feux risque d’aggraver encore la situation. Mais le mouvement a déjà débuté et se poursuit dans de nombreuses villes de France. Voilà pourquoi nous avons réellement intérêt à exprimer nos besoins haut et fort ! Merci pour votre contribution !
Merci Annie pour vos suggestions ! J’ignore moi aussi si un détecteur de véhicules portatif serait techniquement réalisable, mais je retiens cette idée originale.